Je n'aime rien de plus que l'état d'excitation qui précède un de ces moments où je sens la "création" au bord de moi, comme l'arbre sent la sève remonter petit à petit le long de son tronc au début du printemps.
Ca commence pourtant toujours par un sentiment de malaise, de frustration, de manque. Mon esprit pense qu'il pourrait se remettre à l'écriture, à la mosaïque, qu'il aimerait reprendre la graphologie, approfondir la sophrologie ou se mettre à la photographie, ou bien encore aménager son nouveau potager. Malheureusement, l'esprit se heurte souvent aux contradictions de l'être, cet être pris dans ses considérations quotidiennes, matérielles, certains diront bassement terre à terre. Pourtant l'être n'est pas très friand de ces choses là. L'être a besoin de vibrer, de se sentir "être" par quelque acte de création que ce soit. Longtemps, l'être a eu peur de ces mots 'créer", "création". Ca lui semblait de bien grands mots à lui. Il n'osait se confronter à ce grand défi. Par peur de l'échec sans doute. Puis l'être a commencé à comprendre qu'en ce domaine, il n'y avait pas d'échec, pour se sentir vivre et vibrer. Il comprit que quelque fût l'acte de création, aussi petit ou inutile puisse t-il paraître, l'essentiel est qu'il fût réalisé.
Alors un jour, l'être s'essaya à la mosaïque, une envie de longue date. Et l'être en fut fort satisfait. Il en tira même une grande joie, un sentiment de plénitude, presque.
Depuis ce jour, l'être a fait d'autres tentatives, certaines plus concluantes que d'autres, mais toujours avec cette satisfaction "d'avoir fait".
Désormais, l'esprit est toujours en avance sur l'être, le poussant à ne pas s'endormir sur ses lauriers, devrais-je dire de se laisser emporter par le train quotidien de la vie. Alors ce n'est pas toujours facile, l'être met souvent beaucoup, beaucoup de temps à se mettre au diapason de l'esprit créatif mais celui-ci est tout de même un peu apaisé car il sait qu'il s'est rendu indispensable à l'être et que l'être en a pleinement conscience.
Alors ces deux là, tôt ou tard, se rejoingnent, pour former une belle harmonie et je retouve ce qu'on appelle ma "nature sauvage".